si la ville de Paris peut se vanter de la décoration
de ses Eglises, et de ce qui fut son Hôtel de
Ville, si la Direction des Bâtiments Civils s'apprête
à nous livrer un Opéra brillamment et
savamment orné, la direction des beaux-arts proprement
dite aurait peine à citer un monument dont elle
puisse dire que la décoration soit son uvre.
J'aurais cette ambition, Monsieur le ministre, pour
votre administration des beaux-arts, qu'il en pût
être autrement. Je voudrais utiliser au décor
d'un Monument digne de ce nom, d'un monument vraiment
national, le groupe qui nous reste de cette superbe
armée dont je parlais au début, groupe
qui, s'il regrette nos plus glorieux chefs d'école,
vient de montrer à Vienne que la France n'a point
perdu la suprématie en matière d'élégance
et de goût.
Ce Monument existe, c'est le Panthéon, c'est
Sainte-Geneviève, c'est la basilique élevée
au XVIIIe siècle à la patronne de Paris
et des Gaules. Sainte-Geneviève est à
coup sûr l'Edifice de Paris le plus renommé
dans nos provinces et à l'étranger; c'est
lui qui, de sa colline sainte, domine la Ville entière
et semble le plus puissant effort de sa magnificence.
Et, chose singulière, quand tous les édifices
de Paris ont été, depuis un demi-siècle,
décorés à l'envi de peintures et
de sculptures par les diverses administrations qui tenaient
à occuper le talent des artistes et à
laisser trace de leur passage, celui-là seul
a été complètement négligé,
si ce n'est par la Restauration (Anmerkung an dieser
Stelle: Le lecteur reconnaîtra ici mon erreur;
il a vu plus haut que la Restauration avait achevé
et inauguré la coupole de Gros, mais qu'à
l'Empire re nt [sic] l'honneur de l'avoir commandée.)
qui a confié au baron Gros la décoration
fameuse de sa lanterne, et au baron Gérard le
quatre pendentifs qui furent l'uvre d'une vieillesse
affaiblie sans doute, mais vaillante jusqu'au bout,
selon le tempérament de sa génération
héroïque.
Il convient aussi de ne pas oublier l'essai qui fut
confié en 1848 à un artiste éminent,
de la décoration du Panthéon au moyen
de grands cartons qui devaient y représenter
l'histoire de l'humanité; mais ce cycle de compositions
philosophiques dont nous avons vu un certain nombre
aux Expositions de 1853 et de 1855, ne pouvait plus
s'appliquer à un temple qui, trois ans plus tard,
était rendu au culte, et la tentative en resta
là, après avoir fourni à M. Chenavard
l'occasion de donner la mesure de sa vaste culture d'esprit,
de son abondante invention et de son respectueux sentiment
des grands maîtres.
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