dans la forêt de Fontainebleau, M. Corot est
plutôt un harmoniste quun coloriste; et
ses compositions, toujours dénuées de
pédanterie, ont un aspect séduisant par
la simplicité même de la couleur. Presque
toutes ses uvres ont le don particulier de lunité,
qui est un des besoins de la mémoire.
M. Aligny a fait à leau-forte de très
belles vues de Corinthe et dAthènes; elles
expriment parfaitement bien lidée préconçue
de ces choses. Du reste, ces harmonieux poèmes
de pierre allaient très bien au talent sérieux
et idéaliste de M. Aligny, ainsi que la méthode
employée pour les traduire.
M. Cabat a complètement abandonné la voie
dans laquelle il sétait fait une si grande
réputation. Sans être complice des fanfaronnades
particulières à certains paysagistes naturalistes,
il était autrefois bien plus brillant et bien
plus naïf. Il a véritablement tort de ne
plus se fier à la nature, comme jadis. Cest
un homme dun trop grand talent pour que toutes
ses compositions naient pas un caractère
spécial; mais ce jansénisme de nouvelle
date, cette diminution de moyens, cette privation volontaire,
ne peuvent pas ajouter à sa gloire.
En général, linfluence ingriste
ne peut pas produire de résultats satisfaisants
dans le paysage. La ligne et le style ne remplacent
pas la lumière, lombre, les reflets et
latmosphère colorante, - toutes choses
qui jouent un trop grand rôle dans la poésie
de la nature pour quelle se soumette à
cette méthode.
Les partisans contraires, les naturalistes et les coloristes,
sont bien plus populaires et ont jeté bien plus
déclat. Une couleur riche et abondante,
des ciels transparents et lumineux, une sincérité
particulière qui leur fait accepter tout ce que
donne la nature, sont leurs principales qualités:
seulement, quelques-uns dentre eux, comme M. Troyon,
se réjouissent trop dans les jeux et les voltiges
de leur pinceau. Ces moyens, sus davance, appris
à grandpeine et monotonement triomphants,
intéressent le spectateur quelquefois plus que
le paysage lui-même.
Il arrive même, en ces cas-là, quun
élève inattendu, comme M. Charles Le Roux,
pousse encore plus loin la sécurité et
laudace; car il nest quune chose inimitable,
qui est la bonhomie.
M. Coignard a fait un grand paysage dune assez
belle tournure, et qui a fort attiré les yeux
du public; - au premier plan, des vaches nombreuses,
et, dans le fond, la lisière dune forêt.
Les vaches sont belles et bien peintes, lensemble
du tableau a un bon aspect; mais je ne crois pas que
ces arbres soient assez vigoureux pour supporter un
pareil ciel. Cela fait supposer que si on enlevait les
vaches, le paysage deviendrait fort laid.
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