M. Français est un des paysagistes les plus
distingués. Il sait étudier la nature
et y mêler un parfum romantique de bon aloi. Son
Etude de Saint-Cloud est une chose charmante et pleine
de goût, sauf les puces de M. Meissonier qui sont
une faute de goût. Elles attirent trop lattention
et elles amusent les nigauds. Du reste elles sont faites
avec la perfection particulière que cet artiste
met dans toutes ces petites choses.
M. Flers na malheureusement envoyé que
des pastels. Le public et lui y perdent également.
M. Héroult est de ceux que préoccupent
surtout la lumière et latmosphère.
Il sait fort bien exprimer les ciels clairs et souriants
et les brumes flottantes, traversées par un rayon
de soleil. Il connaît toute cette poésie
particulière aux pays du Nord. Mais sa couleur,
un peu molle et fluide, sent les habitudes de laquarelle,
et, sil a su éviter les crâneries
des autres paysagistes, il ne possède pas toujours
une fermeté de touche suffisante.
MM. Joyant, Chacaton, Lottier et Borget vont, en général,
chercher leurs sujets dans les pays lointains, et leurs
tableaux ont le charme des lectures de voyages.
Je ne désapprouve pas les spécialités;
mais je ne voudrais pourtant pas quon en abusât
autant que M. Joyant, qui nest jamais sorti de
la place Saint-Marc et na jamais franchi le Lido.
Si la spécialité de M. Joyant attire les
yeux plus quune autre, cest sans doute à
cause de la perfection monotone quil y met, et
qui est toujours due aux mêmes moyens. Il me semble
que M. Joyant na jamais pu faire de progrès.
M. Borget a franchi les frontières de la Chine,
et nous a montré des paysages mexicains, péruviens
et indiens. Sans être un peintre de premier ordre,
il a une couleur brillante et facile. Ses tons sont
frais et purs. Avec moins dart, en se préoccupant
moins des paysagistes et en peignant plus en voyageur,
M. Borget obtiendrait peut-être des résultats
plus intéressants.
M. Chacaton, qui sest voué exclusivement
à lOrient, est depuis longtemps un peintre
des plus habiles; ses tableaux sont gais et souriants.
Malheureusement on dirait presque toujours des Decamps
et des Marilhat diminués et pâlis.
M. Lottier, au lieu de chercher le gris et la brume
des climats chauds, aime à en accuser la crudité
et le papillotage ardent. Ces panoramas inondés
de soleil sont dune vérité merveilleusement
cruelle. On les dirait faits avec le daguerréotype
de la couleur.
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