Et pourtant, sous cette destruction fleurit la nature;
la terre est verte et belle. Dun pauvre petit
ruisseau auquel on a tant puisé, tant bu, quil
en est presque tari, reste encore une flaque sur laquelle
pousse drue, vigoureuse. Tout avertit que sans la fumée
de la poudre, nous verrions peut-être un beau
ciel, car il y a une terre et un ciel encore.
Le second tableau ouvre lère des défaites.
Vient-il les annoncer ce Cuirassier grandiose, qui a
tant de peine à retenir sa monture sur la pente
où tout à lheure va sabîmer
lEmpire?
On voit que la chute, la déroute, le soldat,
le peuple, ont touché bien autrement le cur
de lartiste historien, que lofficier des
guides, le terrible cavalier, le brillant capitaine,
séché, tanné, bronzé.
Ici il fait comme lépitaphe du soldat de
1814. Ce bon géant si pâle, géant
de taille, et pourtant si homme et si touchant! Un soldat,
mais un homme encore; la guerre, on le sent bien, ne
la pas endurci. Blessé, démonté,
il concentre en vain ce qui lui reste de force, et se
raidit, pour arrêter son coursier colossale sur
la descente rapide, glissante
Il néchappera
pas
Derrière plane un noir tourbillon dhiver
et de Russie, lombre du soir et de la mort; il
ny aura pas de matin
Tout le reste semble un paysage de France, la terre
de la patrie
Il y revient, après le tour
du globe; il y rentre
pour mourir. (S.
252f)
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