détruire l'intention, balayent fastueusement
les parquets avec la queue de leurs robes et la pointe
de leurs châles; elles vont, elles viennent, passent
et repassent; ouvrant un il étonné
comme celui des animaux, ayant l'air de ne rien voir,
mais examinant tout.
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XIII. Les voitures
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Nous pouvons parier à coup sûr que, dans
peu d'années, les dessins de M. G. deviendront
des archives précieuses de la vie civilisée.
Ses uvres seront recherchées par les curieux
autant que celles des Debucourt, des Moreau, des Saint-Aubin,
des Carle Vernet, des Lami, des Devéria, des
Gavarni, et de tous ces artistes exquis qui, pour n'avoir
peint que le familier et le joli, n'en sont pas moins,
à leur manière, de sérieux historiens
Plusieurs d'entre eux ont même sacrifié
au joli, et introduit quelquefois dans leurs compositions
un style classique étranger au sujet; plusieurs
ont arrondi volontairement des angles, aplani les rudesses
de la vie, amorti ces fulgurants éclats. Moins
adroit qu'eux, M. G. garde un mérite profond
qui est bien à lui: il a rempli volontairement
une fonction que d'autres artistes dédaignent
et qu'il appartenait surtout à un homme du monde
de remplir; il a cherché partout la beauté
passagère, fugace, de la vie présente,
le caractère de ce que le lecteur nous a permis
d'appeler la modernité. Souvent bizarre, violent,
excessif, mais toujours poétique, il a su concentrer
dans ses dessins la saveur amère ou capiteuse
du vin de la Vie.
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