Quelle 2: Louis Leroy: L'Exposition des impressionistes,
in: Le Charivari, 25. April
1874, S. 79-80.
Englische
Übersetzung
Oh! ce fut une rude journée que celle où
je me risquai à la première exposition
du boulevard des Capucines en compagnie de M. Joseph
Vincent, paysagiste, élève de Bertin,
médaillé et décoré sous
plusieurs gouvernements!
L'imprudent était venu là sans penser
à mal; il croyait voir de la peinture comme on
en voit partout, bonne et mauvaise, plutôt mauvaise
que bonne, mais non pas attentatoire aux bonnes murs
artistiques, au culte du la forme et au respect des
maîtres. Ah! la forme! Ah! les maîtres!
Il n'en faut plus mon pauvre vieux! Nous avons changé
tout cela.
En entrant dans la première salle, Joseph Vincent
reçut un premier coup devant la Danseuse,
de M. Guillaumin [sic - Renoir].
- Quel dommage, me dit-il, que le peintre, avec
une certaine entente de la couleur, ne dessine pas mieux:
Les jambes de sa danseuse sont aussi floches que la
gaze des jupons. [...]
Le pauvre homme déraisonnait ainsi assez paisiblement
et rien ne pouvait me faire prévoir l'accident
fâcheux qui devait résulter de sa visite
à cette exposition à tous crins. Il supporta
même sans avarie majeure la vue des Bateaux
de pêche sortant du port, de M. Claude Monet;
peut-être parce que je l'arrachai à cette
contemplation dangereuse avant que les petites figures
délétères du premier plan eussent
produit leur effet. Malheureusement j'eus l'imprudence
de le laisser trop longtemps devant le Boulevard
des Capucines du même peintre.
- Ah! ah! ricana-t-il à la Méphisto,
est-il assez réussi, celui-là!
En voilà de l'impression ou je ne m'y cornais
pas.... Seulement veuillez me dire ce que représentent
ces innombrables lichettes noires dans le bas du tableau?
- Mais, répondais-je, ce sont des promeneurs.
- Alors je ressemble à ça quand
je me promène sur le boulevard des Capucines?
Sang et tonnerre! Vous moquez-vous de moi à
la fin?
- Je vous assure, monsieur Vincent ...
- Mais ces taches ont été obtenues
par le procédé qu'on emploie pour le badigeonnage
des granits de fontaine: Pif! paf! v'li! v'lan! Va comme
je te pousse! C'est inouï, effroyable! J'en aurai
un coup de sang bien sûr! [...]
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